Disparition de Joël Gilbert

Hommage

L'Institut des sciences de l'ingénierie et des systèmes du CNRS a appris avec tristesse le décès de Joël Gilbert, directeur de recherche au CNRS qui exerçait son activité au sein du Laboratoire d'acoustique de l'université du Mans (LAUM).

Joël Gilbert est décédé dans la nuit du 4 au 5 mai 2022.

Originaire d’Amboise, Joël a suivi des études de physique à l’École Normale Supérieure de Fontenay aux Roses et à l’Université d’Orsay. Il est ensuite venu au Mans où, après un DEA en acoustique, il a préparé une thèse au Laboratoire d’Acoustique de l’Université du Mans (LAUM, CNRS/Le Mans Université), sous la direction de Jean Kergomard, sur les mécanismes d’auto-oscillation dans les instruments de musique à anche simple, au carrefour de ses deux « passions », comme il les nommait, musique et physique. Après sa thèse, Joël a été professeur agrégé à l’IUT de Chimie de l’Université du Maine, avant d’intégrer, en 1991, le CNRS en tant que chargé de recherche au LAUM. Il était directeur de recherche depuis 2006 et a reçu en 2021 la médaille française de la Société française d’acoustique.

Tout au long de sa carrière, Joël s’est fortement engagé pour la communauté scientifique, aussi bien au sein de la Société française d’acoustique (responsable scientifique du Groupe spécialisé d'acoustique musicale de 2003 à 2006, trésorier de 2008 à 2011) que dans des instances de l’enseignement supérieur et de la recherche. Avec son sens de la conciliation qui le caractérisait, Joël a également dirigé le LAUM de 2012 à 2016.

Parallèlement, Joël s’est constamment impliqué dans les actions de dissémination, notamment à l’occasion de conférences grand public, reportages radiophoniques et télévisés (Arte, Radio France), ou encore dans des articles dans la presse nationale ou scientifique (Le Monde, Pour la science).

Enfin et surtout, on ne peut pas parler de Joël sans évoquer sa passion pour les cuivres. Car effectivement et, comme il le disait lui-même, cette passion dépassait le simple hobby. C’était un formidable joueur de trombone, de trombone basse plus exactement pour lequel il avait été admissible au CNSM de Paris. Il jouait dans de nombreux ensembles. La liste est longue, mais on peut citer le Brass-band des Pays de la Loire ou, plus près de nous, les Commis du Mans. Cette passion pour les cuivres a été à l’origine de son orientation professionnelle et scientifique. C’était un des experts mondiaux de l’acoustique des cuivres et il venait de co-signer un ouvrage sur ce sujet avec son grand ami Murray Campbell et avec Arnold Myers. Il voyait des cuivres partout et nous n’oublierons pas qu’il était allé jusqu’à assister à la douche des éléphants du Zoo de Beauval afin d’enregistrer puis analyser la cuivritude (comme il l’appelait) du barrissement des éléphants.

Personne n’oubliera non plus le son du carnyx, trompette gauloise qu’il a fait rugir un dimanche après-midi sur les terrains de rugby du campus. De même, son tuyau d’arrosage jaune doté d’un entonnoir pavillon rouge desquels il produisait un son digne des meilleurs facteurs sont bien seuls aujourd’hui.

Cependant, soyons certains que ses résultats scientifiques inspireront encore longtemps les générations d’acousticiens à venir.