Les réseaux métiers du CNRS au service de l’équipement médical

CNRS

Écrans de protection, pièces pour respirateur, etc. Pour lutter contre le COVID-19, le CNRS recense ses imprimantes 3D afin de les consacrer à la fabrication de matériels pour les personnels soignants.

Pas moins de 44 lieux disposant de moyens d’impression 3D ont été identifiés à ce jour pour produire des pièces utiles aux personnels soignants qui font face à la crise sanitaire du COVID-19. « C’est notre façon d’apporter notre soutien », explique Stéphane Denise, ingénieur d’étude CNRS dans le Groupe d'études de la matière condensée1 et coordinateur du Réseau des mécaniciens, un des 22 réseaux transverses du CNRS rassemblant une communauté de professionnels autour d’un métier ou d’une technologie.

Comme le Réseau des électroniciens, coordonné par Gilles N’Kaoua, ingénieur de recherche CNRS au Laboratoire d'intégration du matériau au système2 , ce réseau a recensé l’ensemble des plateformes d’impression 3D du CNRS et de ses partenaires disposant de matériels susceptibles d’aider, de manière à être « le plus efficace possible » par rapport aux besoins. Au-delà des types d’imprimantes, à usage plus ou moins industriel, et des stocks disponibles, « l’atout de nos réseaux reste l’identification d’experts dans le domaine de la conception, du calcul/simulation, de la fabrication et du montage qui sont au cœur du métier de mécanicien pour l’utilisation de ces machines », assure Stéphane Denise.

impression 3D d'une visière
Fabrication d'une visière par impression 3D - © Gilles Chalumeau

Avec ce matériel, les deux réseaux espèrent avant tout produire des visières, c’est-à-dire des écrans de protection utilisés en complément des masques. « Cette visière ne remplace pas un masque FFP2 », précise Gilles N’Kaoua, « mais, assurant une protection supplémentaire et prolongeant leur durée de vie, elle permet de diminuer le nombre de masques nécessaires pour le personnel soignant. » Concrètement, les imprimantes 3D permettront de fabriquer un serre-tête relié par un élastique auquel il faut ajouter une vitre de protection qui peut être réalisé avec « du matériel simple », comme des feuilles A4 transparentes pour la reliure, d’une épaisseur de 300 microns. Une protection mécanique qui pourrait être utile aussi dans d’autres situations pour les personnes exposées à la contamination au virus en deuxième ligne, comme pour le personnel des magasins d’alimentation.

Autre production possible : des « valves » nécessaires pour adapter un masque de plongée de la marque Décathlon sur un respirateur pour les patients les moins atteints, afin de protéger les soignants. Actuellement testée en milieu hospitalier, cette solution pourrait être produite par les agents dans les laboratoires, en coordination avec les réseaux de mécaniciens et électroniciens du CNRS, en fonction des stocks.

Enfin, avec les plus petites imprimantes, des adaptateurs, se fixant sur les poignées de porte, pour les ouvrir en n’utilisant que le coude, pourraient être produits. De surcroît, « cette pièce restera utile quand les scientifiques retourneront dans les laboratoires », assure Martina Knoop, directrice de la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires du CNRS qui pilote les réseaux métiers transverses du CNRS.

Imprimante 3D métal du laboratoire LMS
Imprimante 3D métal du Laboratoire de mécanique des solides - © LMS

L’activité de fabrication des réseaux est en relation directe avec le comité nouvellement créé CRACOV, rassemblant différents acteurs autour de la direction générale du CNRS, qui s’efforce de recenser et accompagner les initiatives et idées des personnels, afin d’aider dans l’effort national contre l’épidémie. De telles initiatives doivent être préparées à différents niveaux. En particulier, les agents doivent obtenir, par leur hiérarchie3 , les autorisations nécessaires pour se rendre dans les laboratoires, avec les équipements de protection adéquat, conditions sine qua none pour que la production puisse démarrer.

Des productions validées par l'APHP

La logistique devrait pouvoir suivre grâce aux réseaux, organisés au niveau régional. « Nous nous appuierons sur les initiatives locales pour cette logistique », assure le coordinateur du réseau des électroniciens. Enfin, il faut prendre en compte qu’une pièce, comme le serre-tête d’une visière, a des temps de fabrication variable suivant le type d’imprimante utilisée et le stock disponible.

imprimantes 3D polymères du FAST
Différents moyens d'impression 3D polymères (plastique) du laboratoire Fluides, automatique et systèmes thermiques - © FAST

Bien sûr, toutes ces productions se feraient à partir de fichiers de conception partagés dans les deux réseaux et validés par les équipes médicales de l’APHP. « Avec plus de temps, nous aurions pu faire des tests et concevoir de nouvelles pièces », regrette Gilles N’Kaoua. « Notre réseau possède les compétences et le savoir-faire pour développer des prototypes, afin de mieux lutter contre le COVID-19. » Mais, face à l’urgence, « nous aurons au moins contribué », nuance Stéphane Denise. Une vision que partage Martina Knoop, pour qui « la question est : que peut-on faire, avec nos moyens, qui soit utile dès aujourd’hui ? »

  • 1CNRS/Université de Versailles Saint-Quentin
  • 2CNRS/Bordeaux INP/Université de Bordeaux
  • 3Plus précisément, les directeurs d’unité devront solliciter, auprès des délégués régionaux, des justificatifs de déplacement professionnels pour les agents concernés afin de leur permettre de se rendre dans les laboratoires.