3 jeunes chercheuses distinguées par la Fondation l'Oréal et l'Unesco

Distinction

La 15ème édition du Prix Jeunes Talents France L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science a récompensé 35 jeunes chercheuses, le 7 octobre 2021. Parmi ces femmes, 3 travaillent dans des laboratoires CNRS rattachés à l'INSIS : Anaïs ABRAMIAN, post-doctorante à l'institut Jean le rond d'Alemberd, Claire DESSALLES, doctorante au laboratoire d'hydrodynamique et Daphné LEMASQUERIER, doctorante à l'Institut de recherche sur les phénomènes hors équilibre. Remis chaque année, ce prix encourage et soutient les carrières des chercheuses dans le monde de la recherche.

Les présentations et photos suivantes ont été extraites du dossier de presse Prix Jeunes Talents France 2021.

Anaïs ABRAMIAN

"Modéliser des écoulements naturels pour prévenir leurs comportements"

Post-doctorante à l'institut Jean le Rond d'Alembert (DALEMBERT)

Anais Abramian

Originaire de Lyon, Anaïs Abramian grandit au sein d’une famille d’origine arménienne. C’est en classe préparatoire qu’un professeur lui transmet sa passion pour la physique et la mécanique, notamment au travers des visites du Palais de la découverte ou de l’accélérateur de particules au CERN.

J’aime ce métier car il nous fait traverser une multitude d’émotions, de la frustration de ne pas comprendre un phénomène à la joie lorsque notre idée fonctionne.

Après avoir intégré l’École normale supérieure de Lyon, Anaïs Abramian s’oriente vers la physique expérimentale. Depuis sa thèse, ses recherches portent sur la modélisation des écoulements naturels : l’eau dans une rivière, l’effondrement d’un sol ou encore le glissement lent d’un glacier. Ces systèmes naturels dépendent de paramètres géologiques, climatiques, ou encore topographiques, qui varient d’un site à l’autre.

Comme il est difficile d’isoler l’influence d’un paramètre uniquement à partir d’observations de terrain, la chercheuse mène en laboratoire des expériences dans des conditions contrôlées et simplifiées. Pour modéliser ces phénomènes, elle s’appuie sur la mécanique des fluides, la physique statistique et celle des milieux granulaires. Les systèmes étudiés impliquent en effet souvent du sable ou des galets, soit des « milieux granulaires » se comportant à la fois comme un solide et comme un fluide.

Le travail d’Anaïs Abramian, désormais en post- doctorat au sein de l’Institut Jean Le Rond d’Alembert (DALEMBERT, CNRS/Sorbonne Université) consiste à proposer un modèle capable de prédire ce comportement si particulier. À l’heure où les catastrophes naturelles se multiplient, l’enjeu est de taille : une meilleure compréhension de ces phénomènes naturels permettra la mise en place d’aménagements durables sur le territoire.

Anaïs Abramian œuvre donc pour ces sujets d’utilité publique qui lui tiennent à cœur. L’obtention d’un poste permanent dans la recherche n’est pour autant pas chose aisée. Heureusement, l’arrivée récente de femmes dans son laboratoire actuel, dont plusieurs qui ont été récompensées pour leurs travaux de recherche, l’encourage à poursuivre ses efforts.

Claire DESSALLES

"Développer de nouvelles thérapies grâce à l’étude de la réponse des cellules aux forces mécaniques"

Doctorante au laboratoire d'hydrodynamique (LadHyX)

claire dessales

D’origine franco-brésilienne, Claire Dessalles trouve sa voie durant son stage de troisième, effectué dans un laboratoire de recherche dirigé par une femme. Cette expérience est un déclic : « tout le monde semblait passionné par son travail ».

Après sa terminale effectuée en Angola, Claire Dessalles revient en Île-de-France et enchaîne ses classes préparatoires puis Polytechnique, dont elle ressort avec un diplôme d’ingénieur mécanique. Elle intègre ensuite l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse, avec à la clé un double diplôme en bio ingénierie et ingénierie biomédicale. « Grâce à la science, j’ai trouvé mon ikigai : mêler ce que j’aime, ce pour quoi je suis douée, ce dont le monde a besoin et ce pour quoi je peux être payée. »

Sa passion pour la combinaison biologie-mécanique est un atout précieux. « Les techniques de l’ingénierie et de la physique sont des outils formidables pour comprendre le vivant, notamment le comportement des cellules », explique la chercheuse. Lors d’un stage en Allemagne, alors qu’elle étudie la mécanique de micromuscles cardiaques, ses compétences pluridisciplinaires lui permettent de fabriquer un « pacemaker », délivrant un courant électrique pour contrôler les contractions du micromuscle.

J’aime l’idée de participer à la création d’une connaissance nouvelle et d’écrire une ligne de plus dans la grande encyclopédie du savoir humain.

Pour son doctorat, Claire Dessalles intègre le Laboratoire d'hydrodynamique (LadHyX, CNRS/École Polytechnique) un laboratoire spécialisé en dynamique des fluides. Son travail vise à mieux comprendre comment les cellules des vaisseaux sanguins répondent aux forces mécaniques dues au flux du sang, notamment l’étirement et la tension. À long terme, ses recherches devraient permettre d’ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques pour des pathologies comme les maladies neurodégénératives, telles qu’Alzheimer, ainsi que des maladies pulmonaires et cardiaques.

Consciente de la « forte compétition » associée à la recherche, Claire Dessalles s’investit dans le mentorat, afin d’aider les femmes de son entourage professionnel à développer assurance et assertivité. « Les femmes en science sont les plus à même de faire évoluer l’organisation de la recherche en France, afin de construire un système plus juste, plus équitable, accessible à toutes et à tous », précise la chercheuse.

Daphné LEMASQUERIER

"Modéliser la dynamique de l’atmosphère de Jupiter par des expériences de mécanique des fluides"

Doctorante à l'Institut de recherche sur les phénomènes hors équilibre (IRPHE)

Daphné Lemasquerier

Native d’Auxerre, Daphné Lemasquerier passe la majeure partie de son enfance à l’île de la Réunion. L’environnement exceptionnel de ce territoire, d’une grande richesse biologique et géologique avec son volcan et ses forêts primaires, influence sa vocation et sa curiosité.

Ses études scientifiques débutent par une classe préparatoire en biologie, physique, chimie et sciences de la Terre. Admise au département de Géosciences de l’ENS de Lyon, Daphné Lemasquerier se spécialise alors dans la physique-chimie de la Terre et des autres planètes.

En licence puis en master, elle effectue des stages, dont un à Los Angeles, qui l’initient à la mécanique des fluides géophysiques. « J’ai trouvé fascinant de pouvoir modéliser par des expériences à l’échelle du laboratoire des phénomènes observés à l’échelle d’une planète », explique-t-elle, en citant par exemple les immenses tourbillons de Jupiter. Elle complète sa formation en géosciences par un master en mécanique des fluides et physique non-linéaire à Marseille. La chercheuse souligne le rôle essentiel du corps professoral tout au long de sa formation : « ambassadeur de l’attractivité des disciplines et de leurs méthodes, il est au premier plan pour éveiller l’intérêt des élèves. »

Pour sa thèse à l'Institut de recherche sur les phénomènes hors équilibre (IRPHE, CNRS/École centrale Marseille/Aix-Marseille Université) ses recherches s’attachent à modéliser la dynamique observée dans l’atmosphère de Jupiter à l’aide d’expériences de mécanique des fluides en rotation, de simulations numériques et de modèles théoriques. Elle s’intéresse en particulier aux vents est-ouest intenses à l’origine des bandes de Jupiter, ou encore aux grands tourbillons tels que la Grande Tache rouge. Peu avant le début de son doctorat, de précieuses informations sur cette planète géante gazeuse étaient obtenues par la mission Juno de la NASA, en orbite depuis 2016 autour de Jupiter. De quoi motiver encore plus la chercheuse, dont les travaux, à la frontière entre dynamique des fluides fondamentale et planétologie, permettent de mieux comprendre la dynamique jovienne, mais sont aussi génériques et applicables à d’autres systèmes.

Pour des chercheurs, le défi constant de progresser ensemble tout en s’évaluant de manière constructive est très motivant.

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Communication CNRS Ingénierie