Cristal collectif – 0GRE : Les plasmas froids prêts pour la médecine dans l’espace

Distinction

Afin de s’affranchir des médicaments et des désinfectants lors des missions spatiales, en particulier pour les futures expéditions de longue durée, les plasmas froids pourraient servir à décontaminer les surfaces et les plaies. Ces milieux gazeux ionisés, créés à partir de décharges électriques, sont compatibles avec une application sur des tissus biologiques. Ils permettent entre autres de favoriser la cicatrisation, d’augmenter l’oxygénation et d’inactiver des bactéries résistantes. Mais fonctionnent-ils correctement en conditions d’apesanteur? C’est ce qu’a vérifié avec succès l’équipe 0 GRavité Ensemble (0GRE) à bord de l’avion A310 ZERO G du CNES lors des vols paraboliques. 0GRE est constitué de douze agents, issus du Groupe de recherches sur l’énergétique des milieux ionisés (GREMI, CNRS/Université d’Orléans), du service de prévention du risque infectieux du CHU d’Orléans, du Laboratoire interdisciplinaire pour l’innovation et la recherche en santé d’Orléans (LI²RSO, Univ. Orléans/CHU Orléans) et de l’Université d’Orléans.

Les futurs astronautes participant aux vols spatiaux longue durée vers la Lune ou Mars devront être capables de soigner des blessures avec l’équipement le plus compact et léger possible. Les plasmas froids se présentent comme des candidats idéaux, tant ils parviennent à la fois à détruire des bactéries et à dynamiser la régénération cellulaire. Pour vérifier qu’ils fonctionnent même en apesanteur, l’équipe 0GRE a bénéficié de six campagnes de vols paraboliques avec l’Airbus A310 zéro gravité de NOVESPACE (filiale du CNES) au départ de l’aéroport de Bordeaux Mérignac. Des travaux ont également été menés dans la station hertzienne militaire d’altitude de Pierre-sur-Haute, dans le Massif central, où la pression est équivalente à celle de la cabine de l’avion. Il a fallu de plus intégrer le matériel produisant le plasma dans un bâti résistant aux conditions d’un atterrissage d’urgence, soit avec 9 g d’accélération.

Nous avons réalisé des premières mondiales à chaque campagne de vol. 

L’équipe a pu montrer que le jet de plasma fonctionnait en apesanteur, avec des différences plutôt bénéfiques par rapport au sol, et qu’il parvenait à éliminer les bactéries, y compris les souches résistantes aux antibiotiques qui ont été testées avec la plus grande rigueur au CHU d’Orléans. Une étude clinique commencera fin 2025 avec un panel de quarante patients pour compléter ces résultats.

Le Cristal collectif valorise tous les corps de métiers, y compris ceux qui travaillent parfois dans l’ombre comme les ingénieurs, les techniciens et les administratifs.

«Ce Cristal collectif est le début d’une épopée qui est pour l’instant une réussite humaine, scientifique et professionnelle, se réjouit Pablo Escot Bocanegra, enseignant-chercheur à l’Université d’Orléans et membre du GREMI. «J’étais à l’origine du projet, mais je n’y serai jamais parvenu tout seul. Je suis heureux pour toute l’équipe et nous le sommes tous.»