ERC Proof of Concept : deux lauréats CNRS en sciences de l'ingénierie

Distinction

Quatre lauréats français ont été retenus dans la seconde vague de lappel « Proof of concept » 2022 du Conseil européen de la recherche (ERC) ; tous sont hébergés au CNRS et deux d'entre eux mènent des recherches dans le domaine des sciences de l'ingénierie. Ce financement complémentaire permet aux scientifiques de développer une piste applicative pour des résultats exploratoires obtenus dans le cadre dune bourse ERC.

Cet appel s'adresse aux scientifiques déjà lauréats d'une bourse ERC (Starting, Consolidator, Advanced ou Synergy), en cours ou terminée depuis moins dun an,  pour leur recherche exploratoire et porteuse de découvertes scientifiques, techniques et sociales, et qui souhaitent se rapprocher dun marché. Pour un montant maximal de 150 000 euros et sur une période de 18 mois au plus, ces bourses complémentaires soutiennent le développement du potentiel commercial et sociétal d’une ERC.

Un troisième appel PoC 2022 est ouvert aux boursiers ERC. La date limite est fixée au 29 septembre 2022.

 

Konstantinos Danas, chargé de recherche CNRS au Laboratoire de mécanique des solides1 (LMS) pour le projet Haptic sensing skin for biomedical applications with soft magnetorheological elastomers, MagnetoSense

Spécialiste des matériaux composites, ces assemblages de plusieurs constituants qui confèrent des propriétés extrêmes au matériau final, Konstantinos Danas travaille au sein du Laboratoire de mécanique des solides. Cest là quil mène ses travaux sur la description théorique et la modélisation numérique des lois de comportement de ces matériaux, à des échelles variant du nanomètre au centimètre. En 2014, il obtient une bourse Starting Grants de lERC pour son projet Magneto sur la mise au point d’élastomères magnéto-rhéologiques (MRE) - des matériaux qui changent de forme sous de faibles champs magnétiques - et la modélisation de leur comportement. Dans la lignée de ces résultats exploratoires, MagnetoSense propose un MRE comme capteur haptique - de type pression-déformation - pour des applications biomédicales. « Quand nous avons commencé ce projet, ces matériaux étaient assez innovants et il y avait encore peu d’applications potentielles. Depuis, les études au niveau international se sont multipliées et de nouvelles pistes d’application ont émergé. Nous étions, quelque part, des pionniers. Ce qui nous donne une position de force aujourd’hui », explique le lauréat de la médaille de bronze du CNRS en 2017. « Avec ce financement, si nous arrivons à démontrer que MagnetoSense fonctionne en laboratoire dans des situations simples, cela peut ouvrir la voie à des applications robotiques et biomédicales ». Comme identifier la rigidité de l'organe ou du tissu sous-jacent, appuyer plus ou moins fort pour effectuer une coupe ou encore retirer une tumeur.

 

Adrien Carretero, chargé de recherche CNRS à Institut d’électronique et des systèmes2 (IES) pour le projet Quartz On-chip for Virus Detection, QOVID

Après un passage à lInstitut de nanotechnologie de Lyon, Adrien Carretero rejoint en janvier 2016 lInstitut délectronique et des systèmes, à Montpellier, où ses travaux sont soutenus par un projet Jeune Chercheur (JCJC) de lagence nationale de recherche française (ANR). En 2018, il remporte une ERC Starting Grant pour SENSISOFT, projet autour de la fabrication de capteurs piézoélectriques permettant la mesure de minuscules changements de masse et la détection de forces, de distances, de mouvements ou l’accélération, à partir de méthodes de chimie douce, comme le sol-gel. Le principal avantage de cette approche est dutiliser des couches minces à base doxydes épitaxiés sur silicium. QOVID s’inscrit dans la poursuite des résultats obtenus depuis et vise à approfondir le développement de ces capteurs nanométriques à base de quartz, peu coûteux et respectueux de lenvironnement, pour détecter des traces infimes du Sars-Cov-2. « Ce financement PoC récompense avant tout le travail accompli jusqu’ici. Cela nous donne la légitimité, la motivation et l’énergie pour poursuivre nos recherches et pour franchir une étape supplémentaire vers le développement d’un démonstrateur fonctionnel et sa commercialisation », confie Adrien Carretero. « Nous envisageons désormais la création d’une start-up pour valoriser cette technologie qui apportera de nouvelles perspectives à l'industrie microélectronique ». Ces biocapteurs ne se limitent pas à la détection du SARS-CoV-2 et pourraient s’étendre à d’autres virus, être utilisés comme capteurs de gaz - par effet photoacoustique - ou encore comme outil de mesure de l’évolution de masse d’une seule cellule.

Adrien Carretero fait également partie d’un projet similaire et interdisciplinaire, QBIOCELL, labellisé PRIME (Projets de recherche interdisciplinaire multi-équipes) en janvier dernier par le CNRS.

  • 1LMS (CNRS, École Polytechnique), Palaiseau
  • 2IES (CNRS, Université de Montpellier), Montpellier

Pour aller plus loin

Lire l'article complet du CNRS sur les lauréats français de l'appel ERC Proof of Concept.

Lire l'actualité scientifique de l'INSIS sur les travaux menés par Adrien Carretero-Genevrier, publiés dans la revue Advanced Materials Technologies en 2021.

Contact

Communication CNRS Ingénierie