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Ada Altieri

Starting Grants

Ada Altieri, italienne, a obtenu son doctorat en Physique Théorique avec mention en 2018, dans le cadre d’une cotutelle entre l’Université Sapienza de Rome et l’Université Paris-Saclay. Elle a ensuite rejoint l’École normale supérieure à Paris pour un séjour postdoctoral, au cours duquel elle s’est consacrée à : i) l’analyse des systèmes amorphes soumis à des déformations de cisaillement (transitions de yielding et de jamming) ; ii) l’élaboration de cadres théoriques en haute dimension pour l’étude des dynamiques hors équilibre dans les systèmes désordonnés ; iii) l’application de méthodes rigoureuses à la mise en évidence de comportements émergents dans les communautés écologiques. 

Depuis 2020, elle est maîtresse de conférences à l’Université Paris Cité au sein du laboratoire Matière et systèmes complexes (MSC, CNRS/ Université Paris Cité). Lauréate de plusieurs distinctions internationales, dont le prix Springer pour sa thèse de doctorat, la bourse L’Oréal UNESCO pour les Femmes et la Science en 2020 et le prix « Early Career » de l’European Physical Society (EPS) en 2023, elle vient de recevoir la médaille de bronze du CNRS en 2025.
Ses recherches récentes portent principalement sur les techniques de physique statistique et de matrices aléatoires appliquées à une vaste classe de systèmes complexes.

PROJET SAPHYR

Physique statistique et dynamiques vitreuses des communautés microbiennes

 

L’étude des systèmes écologiques se situe aujourd’hui à la pointe de la recherche scientifique. Comprendre leurs propriétés émergentes, dans un contexte marqué par la crise de la biodiversité et par les troubles de santé liés aux déséquilibres du microbiote humain, constitue un défi majeur auquel le projet SAPHYR s’attaque. En mobilisant des méthodologies de physique statistique de pointe, SAPHYR propose une approche novatrice pour l’analyse des grands écosystèmes.

Il se concentre d’abord sur l’étude du microbiote intestinal, considéré comme un cas emblématique d’écosystème complexe. L’objectif est d’identifier et de relier les différents régimes aux états physiologiques sains ou pathologiques, afin de mettre en évidence des propriétés universelles. Dans un second temps, il explorera les corrélations spatiales ainsi que les réseaux d’interactions fortement structurés et dépendants du temps. L’utilisation de modèles mathématiques robustes, associant simulations numériques et outils issus de la physique des systèmes désordonnés et de la théorie des matrices aléatoires, offrira un éclairage inédit sur la stabilité des communautés face aux perturbations et sur l’émergence de multiples attracteurs. SAPHYR constitue ainsi une rencontre féconde entre physique théorique, biologie et écologie. Au-delà des questions théoriques exigeantes qu’il aborde, il ouvre la voie à de nouveaux standards pour l’étude des grandes communautés microbiennes et au développement de stratégies contrôlées pour le traitement des maladies gastro-intestinales.

Un protocole d’inférence du modèle de Lotka-Volterra généralisé et désordonné
L’objectif est d’estimer les paramètres de la matrice d’interaction et l’amplitude du bruit – indiqués à droite – en mesurant l’abondance moyenne des espèces ainsi que leurs corrélations d’ordre supérieur (à gauche). Cette procédure permet d’extraire des informations sur des propriétés universelles et la dynamique écologique à partir de données metagénomiques de microbiotes sains (en bleu) et malades (en rouge), considérés comme des réalisations indépendantes d’un même désordre.
Figure réadaptée de l’article : https://elifesciences.org/reviewed-preprints/105948
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