Talents CNRS 2025 : 8 médaillés CNRS Ingénierie
Chaque année, le CNRS récompense plusieurs scientifiques et personnels d'appui à la recherche pour leur contribution exceptionnelle au dynamisme de l'institution et de la recherche française. En 2025, 8 d'entre eux sont issus de laboratoires rattachés à CNRS Ingénierie.

Anne-Virginie Salsac, Directrice de recherche au laboratoire Biomécanique et bioingénierie (BMBI (CNRS/Univ. Tech. Compiègne)
Anne-Virginie Salsac est directrice de recherche au laboratoire Biomécanique et bioingénierie (BMBI (CNRS/Univ. Tech. Compiègne). Elle est experte en biomécanique des fluides avec la circulation sanguine comme principal objet d’étude. Elle explore notamment l’encapsulation, c’est-à-dire comment transporter dans le sang une molécule active et la larguer à un endroit précis du corps. Elle regarde comment la capsule supporte les déformations dues à la circulation sanguine, ainsi que son devenir une fois sa mission accomplie. Anne-Virginie Salsac a également travaillé sur l’embolisation, qui consiste à boucher certains vaisseaux pour des raisons médicales. Elle a collaboré avec des praticiens hospitaliers à Dijon et Créteil, ainsi qu’avec plusieurs entreprises fabriquant des dispositifs biomédicaux : Guerbet, Bioaster, Biomérieux ou encore Segula. Elle est l’autrice d’un brevet sur une prothèse de valve cardiaque, qui est en train d’être valorisé par la création d’une start-up.
Benoît Roman, Directeur de recherche au Laboratoire Physique et mécanique des milieux hétérogènes (PMMH, CNRS/ESPCI-PSL/Sorbonne Univ./Univ. Paris Cité)
Directeur de recherche au Laboratoire Physique et mécanique des milieux hétérogènes (PMMH, CNRS/ESPCI-PSL/Sorbonne Univ./Univ. Paris Cité), Benoît Roman est une figure emblématique de la mécanique expérimentale. Il s’intéresse aux liens entre formes et forces, en présence de très grands changements de géométrie. C’est souvent le cas lorsque les éléments sont minces, comme une feuille de papier que l’on froisse ou que l’on déchire, et prend des formes complexes. Benoît Roman s’intéresse aussi aux conséquences sur ces matériaux du défi géométrique bien connu des cartographes, qui veut qu’il soit impossible de passer d’un plan à une sphère sans déformer les continents, ainsi qu’à la question inverse, avec la capacité qu’ont feuilles et pétales de plantes à se déformer lors de leur développement pour présenter des formes complexes. Au niveau des applications, il s’agit de fabriquer des surfaces et des matériaux qui changent d’eux-mêmes de forme pour se mettre en forme de la manière souhaitée. Benoît Roman a co-créé et piloté pendant neuf ans le Groupe de recherche Mécanique et Physique des systèmes complexes (GDR MePhy), conçu pour dynamiser l’interface entre mécaniciens et physiciens.
Pour en savoir plus : Benoît Roman, médaille d'argent du CNRS : mécanique et géométrie des plaques | CNRS Ingénierie

Shuwen Zeng, chargée de recherche CNRS au laboratoire Lumière, nanomatériaux et nanotechnologies (L2n, CNRS/Université de Technologie de Troyes).
Shuwen Zeng est chargée de recherche CNRS au laboratoire Lumière, nanomatériaux et nanotechnologies (L2n, CNRS/Université de Technologie de Troyes). Elle réalise de la biodétection ultra-sensible à base d’effets de résonances optiques. Dès sa thèse, elle a obtenu une détection d’ADN à simple brin avec une sensibilité exceptionnelle, grâce à l’utilisation de graphène et de nanoparticules d’or. Pendant son postdoctorat, elle a travaillé sur la détection moléculaire en temps réel via des métasurfaces plasmoniques. Elle a ensuite commencé à travailler sur des métacapteurs à base de nanomatériaux ayant une épaisseur de couche atomique, employant de l’optique non linéaire. Shuwen Zeng a utilisé la résonance plasmonique de surface pour détecter le facteur de nécrose tumorale (TNF-α), un biomarqueur largement employé pour identifier des maladies comme les maladies intestinales, l’ostéo-arthrite, la polyarthrite rhumatoïde, le cancer buccal et le cancer du sein. Plus récemment, elle a établi un record avec un métacapteur plasmonique atteignant un facteur qualité inégalé, démontrant son aptitude à repousser les frontières de la biodétection nanophotonique.
Grégoire Lemoult, chargé de recherche au Laboratoire ondes et milieux complexes (LOMC, CNRS/Univ. Le Havre Normandie)
Grégoire Lemoult est chargé de recherche au Laboratoire ondes et milieux complexes (LOMC, CNRS/Univ. Le Havre Normandie). Cet expert en dynamique des fluides scrute la transition vers la turbulence, c’est-à-dire comment est-ce que l’on passe d’un écoulement laminaire à un écoulement turbulent. Quand un fluide s’écoule lentement dans une canalisation, il est dit laminaire : tout va dans la même direction. Mais quand le débit augmente, l’écoulement devient turbulent. Ce phénomène en apparence simple reste mal compris et mal décrit par la théorie. Grégoire Lemoult multiplie les expériences pour l’étudier, avec la particularité de le traiter du point de vue de la physique statistique. Il scrute les écoulements et leurs champs de vitesse à l’échelle microscopique et s’intéresse en particulier à la transition sous-critique. Celle-ci est singulière par la stabilité de l’écoulement laminaire. La conséquence est que les deux états, laminaire et turbulent, coexistent dans l’écoulement. Grégoire Lemoult s’est démarqué en décrivant cette transition comme une transition de phase, une idée déjà prédite par le passé, mais jamais vérifiée numériquement ou expérimentalement jusqu’à ces travaux.
Pour en savoir plus : Médaille de bronze – Grégoire Lemoult : la transition vers la turbulence | CNRS Ingénierie
Damien Texier, chargé de recherche à l’Institut Clément Ader (CNRS/IMT Mines Albi — Institut Mines-Telecom/INSA Toulouse/ISAE-SUPAERO/Université de Toulouse (EPE))
Damien Texier est chargé de recherche à l’Institut Clément Ader (CNRS/IMT Mines Albi — Institut Mines-Telecom/INSA Toulouse/ISAE-SUPAERO/Université de Toulouse (EPE)). où il étudie le couplage mécano-chimique, surtout sous condition d’oxydation à haute température des matériaux. Il se place cependant bien davantage du point de vue de la micromécanique que de la chimie. Il développe pour cela ses propres bancs d’essais et utilise l’imagerie mécanique corrélative, c’est-à-dire qu’il combine plusieurs modalités d’imagerie à la fois. Ces images numériques à très haute résolution lui permettent d’explorer comment les matériaux se déforment par mesure de champs cinématiques. Il cartographie également les propriétés mécaniques des matériaux par un procédé dit de nano-indentation pour la microscopie mécanique corrélative. Grâce à ses expériences originales, Damien Texier isole et dissocie le comportement mécanique de la couche affectée par l’oxydation du substrat sous-jacent. Il s’est ainsi intéressé à de nombreux alliages et revêtements utilisés pour l’aéronautique et le secteur nucléaire. Il a obtenu un projet ANR JCJC ainsi qu’un ERC Starting Grant baptisé HT-S4DefOx.
Pour en savoir plus : Médaille de bronze 2025 : Damien Texier et l’interaction mécanique-chimique à chaud | CNRS Ingénierie

Charline Blatché, ingénieure d’étude au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS, CNRS)
Charline Blatché est ingénieure d’étude au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS, CNRS). Elle est responsable technique au sein de la plateforme de caractérisation d’une zone de biologie de plus de 500 m² intégrée au sein d’un laboratoire historiquement orienté vers la physique et l’ingénierie. Charline Blatché a piloté la conception et le développement de cet espace dédié à l’expérimentation et à l’instrumentation biologique de micro et nanosystèmes pour le vivant. La plateforme s’articule autour de trois grandes thématiques, la biologie cellulaire, la biofabrication et la microscopie, permettant d’aborder des problématiques biologiques avec des outils de bio-ingénierie. Grâce à son travail, Charline Blatché a adapté les techniques biologiques aux exigences des projets technologiques, permettant d’accompagner les équipes dans l’intégration de dimensions biologiques à leurs recherches. Les travaux qui y sont menés concernent par exemple le développement de neurones sur puce, utilisés pour mesurer les signaux électriques des neurones dans le cadre d’études sur les maladies neurodégénératives.
Christophe Vilmen, ingénieur d’étude CNRS au Centre de résonance magnétique biologique et médicale (CRMBM, CNRS/Aix-Marseille Université)
Christophe Vilmen est ingénieur d’étude CNRS au Centre de résonance magnétique biologique et médicale (CRMBM, CNRS/Aix-Marseille Université), où il conçoit des instruments originaux d’analyse et de mesure pour l’expérimentation par résonance magnétique chez l’homme et le petit animal. Il intervient sur les deux sites du laboratoire, pour la recherche préclinique et clinique, possédant leurs IRM spécifiques. Il fabrique des modules biomécaniques, électroniques et des antennes radiofréquences, nécessaires à l’interaction énergie/tissus biologiques pour réaliser les acquisitions d’imagerie. Christophe Vilmen participe aux études scientifiques réparties en trois thématiques principales : le système cérébral, cardiovasculaire et musculosquelettique. Les pathologies abordées sont, par exemple, la sclérose en plaques, l’épilepsie, le diabète de type II et les maladies neuromusculaires de type myopathie. Chacun des prototypes de Christophe Vilmen est créé de toutes pièces en fonction du sujet et de l’IRM choisi.
Pour en savoir plus : Médaille de cristal — Christophe Vilmen en appui des IRM | CNRS Ingénierie
Hervé Arlaud, assistant-ingénieur au Laboratoire de recherche en Physique et Ingénierie (Institut P’, CNRS)
Hervé Arlaud est assistant-ingénieur au Laboratoire de recherche en Physique et Ingénierie (Institut P’, CNRS) où il est spécialisé dans les mesures thermométriques fines. Il fabrique pour cela des sondes micrométriques d’une taille descendant jusqu’à 7,6 micromètres. Ces microsondes sont des thermocouples, c’est-à-dire des capteurs constitués de deux fils en métaux ou alliages différents. Une fois soudés ensemble, les fils produisent une tension directement liée à la température. Hervé Arlaud miniaturise ces sondes tout en leur donnant un temps de réponse le plus petit possible, afin qu’ils puissent fonctionner dans des écoulements dont la température varie rapidement. Il a ainsi atteint avec un thermocouple de 7,6 micromètres, dans un écoulement d’air à 100 m/s, 1200 mesures par seconde. Il travaille en particulier avec le thermocouple de type K, c’est-à-dire composé de chromel, alliage de nickel et de chrome, et d’alumel, alliage de nickel et d’aluminium. La technique unique et reconnue d’Hervé Arlaud, de fabrication, de qualification et d’étalonnage de ces microcapteurs permet la mesure instationnaire de champs de température dans des écoulements complexes, tels que l’on en rencontre dans divers domaines industriels.
Pour en savoir plus : Médaille de cristal 2025 : Hervé Arlaud et la microthermométrie | CNRS Ingénierie